Barbarian Pipe Band - Defecatio Imperatrix Mundi
Quand la nouvelle liste des albums à chroniquer a été proposée aux rédacteurs du Webzine, j’avoue m’être un peu jeté sur Barbarian comme la misère sur le pauvre monde. Plusieurs enseignements à ce réflexe de sauvage : objectivité zéro en ce qui concerne ma chronique, soyez en assurés, preuve du chemin effectué par le groupe depuis quelques années, reconnaissance méritée d’un pipe band pas comme les autres. Ce groupe s’inscrit dans une mouvance folk un peu différente des références du genre, un peu moins proches du métal bien que porté par une même culture pagan dont ils sont des représentants magnifiques, dans tous les sens du terme.
Que de chemin parcouru par ce Barbarian Pipe Band que j’ai découvert il y a plusieurs années dans les ruelles ancestrales de la sublime ville de Provins. Les croisant depuis régulièrement dans les diverses fêtes médiévales dont je suis un habitué, quelle ne fut pas ma surprise Mesdames et Messieurs que de les voir il y a quelques temps déjà, programmés lors de notre Mecque à tous, le Cernunnos Pagan Fest. J’imaginais Barbarian comme un groupe de performance, magnifique animateur de moments de fêtes mais j’avoue que je trouvais ces instants un peu étroits par rapport à leur puissance et à leur flots entrainants. D’où ma joie de les chroniquer aujourd’hui au même titre que d’autres grands noms. Groupe proche d’autres bêtes du genre comme Cradem Adventure ou Acus Vacuum, sortez vous de l’esprit l’image d’Epinal des Bipe Band, les kilts bien repassés et la marche militaire, très peu pour eux ! Le qualificatif de Barbarian leur allant comme un gant, c’est vêtus de peaux de bêtes, de cuir et de tous les abribus possible du bon bourrin que les 5 musiciens, dont une demoiselle diablement efficace aux percutions, nous balancent leurs rythmes païens endiablés. Le son est limpide, efficace, pur : de la cornemuse (pas moins de trois sonneurs tous aussi bons les uns que les autres) et des percutions (grosse caisse et tambourin irlandais en l’occurrence). Le groupe ne fait franchement pas de circonvolution pour nous offrir ce qu’il a dans les tripes, c’est brut, c’est puissant, c’est ancien. La sensation formidable avec ce genre de formation et notamment Barbarian, c’est qu’en live, ils nous offrent ce que nos ancêtres devaient entendre également et un lien se forme du fait incontestablement entre le passé et le présent, entre la musique, le rythme, les sensations. Defecatio Imperatrix Mundi, tel est le mot de passe pour entrer en phase avec un son ancestral qui nous emmène loin, par delà le temps et la logique.
L’album, si puissant soit il, est un peu court, 9 chansons, mais terriblement entrainant. Si j’adore le son du groupe, j’ai juste, sur cet album particulier, quelques doutes sur les insertions (rares) d’éléments un peu plus modernes comme des voix synthétisées ou d’étranges grésillements qui ponctuent les dernières secondes de quelques morceaux. Mais cela n’altère en rien la qualité de l’instrumentation et si on regrettera que quelques voix ne viennent pas se joindre aux souffles de la cornemuse et aux impacts des percutions (ce qu’ils font parfois en live avec un effet terrible), cet album est un compagnon incontournable si vous avez l’esprit qui regarde aussi dans le passé et que vous cherchez un moyen pour prendre du recul, de la hauteur sur le monde. Je vois vraiment Defecatio Imparatrix Mundi comme un moyen de connexion ou de déconnexion, c’est selon. Le groupe, contrairement à pas mal de formations du genre, a le mérite de présenter ses propres compositions sans reprendre des morceaux du genre « Belle qui tient ma vie, captive dans tes yeux », certes magnifiques, mais entendues à toutes les sauces. Avec le peu de diversité d’instrument, le risque de redondance se fait parfois sentir, mais de nouveaux rythmes viennent toujours relancer la machine. En somme, l’album est un petit bijou de musicalité simple, ancestral, puissant que je ne saurai trop vous conseiller si vous avez l’esprit ouvert le l’âme aventureuse.
Actobedios