Cryptic Forest - Ystyr
10 ans ! C’est le temps qu’il aura fallu à cette formation allemande pour enfin sortir son premier méfait, j’ai nommé Ystyr ! Autant dire qu’ils ont bien pris leur temps, nos chers teutons. Paru en août 2013, Ystyr suit directement un premier EP sorti deux ans auparavant sous le nom de Dawn Of The Eclipse et qui balançait à l’époque un Black Mélodique fort bien foutu et accrocheur. Piano, guitares acoustiques et claviers se mêlaient aux guitares, aux percussions et aux chants plus Black pour le plus beau des mélanges. Que se cache-t-il donc derrière cet Ystyr ? Les mêmes compositions aussi inspirées ? Ou bien peut-être quelque chose d’autre ?
Dès la première écoute, on comprend de suite que Cryptic Forest a bel et bien l’intention de rester dans son univers bien à lui que l’on retrouvait dans son premier EP : une atmosphère à la fois épique mais également sombre, inquiétante et mélancolique. Et ce sera d’ailleurs l’un des gros points forts de cet album. Déjà belles en l’espace de 20 minutes avec Dawn Of The Eclipse, les mélodies et les ambiances ont désormais clairement le temps de s’exprimer sur ces 9 compositions richement développées par les allemands. Le titre introducteur « Heralding Bleakness » en est la preuve : dérangé, mettant mal à l’aise l’auditeur, il est parfait pour se mettre en condition avant l’entrée dans le royaume humide et glauque de Cryptic Forest. Mais même en usant d’ambiances, hors de question pour nos chers blackeux de dénigrer la brutalité et la rapidité qui sied à tout album de black qui se respecte.
« Winterstorms » laisse transpirer toute la froideur et la tristesse de l’univers des allemands avant que des guitares tranchantes et effilées comme des rasoirs ne résonnent soudain dans nos cages à miel, nous laissant profiter d’un premier riff black jouissif et rageur. Les vocaux, typiquement Black, sont parfaitement exécutés, bien dans le ton et torturés au possible. Le titre résume en fait assez bien la musique de Cryptic Forest : des riffs froids comme la glace, en passant par des claviers hivernaux jusqu’aux parties mélancoliques de piano… L’atmosphère y est et on sent déjà les vents glacés nous tourner autour au milieu de cette sombre forêt. « Throne Of Fire », tout en préservant une fois encore les ambiances magnifiques dont le groupe nous a d’ores et déjà habitués, mettra clairement en avant les guitares, ces dernières sonnant presque Thrash Metal à certains moments ! La batterie suivra de fort belle manière le rythme effréné du titre, alternant entre blast beats sur les parties plus burnées et mid-tempo sur d’autres moments plus aériens.
« Ystyr » et « Call To War » démarreront comme « Throne Of Fire », c’est-à-dire sur les chapeaux de roues : le chant écorché de Rakshasa accompagnera ainsi avec haine des rythmiques véloces et des envolées de blast beats et autres roulés de toms, avant que la musique ne s’adoucisse en fin de titre et ne devienne majoritairement mélodique par le biais d’accords mélodiques et de claviers de toute beauté. « King Of Cryptic Forest » nous délectera de par ses arpèges à la Immortal jusqu’à ce que la double pédale et la férocité des riffs des gratteux ne nous pulvérisent le crâne pour de bon, tandis que « Crown Of Ice » nous fera frissonner plus d’une fois grâce à l’écrasante présence des ambiances et des atmosphères froides du groupe au sein de la composition.
Et que dire du titre « Creatures Of The Dark » ? Pilier de cet album du haut de ses 9 minutes de chanson, il est assurément la synthèse de tout ce que le groupe nous a balancé depuis le début de cet Ystyr : guitares mélodiques dissonantes, rythmiques brise-nuques saupoudrées de double pédale, claviers épiques, ambiances au piano ayant de quoi faire pendre même le plus fanatique des deathsters… Tout simplement magnifique, cette perle clôture avec brio cet opus.
Vous l’aurez compris, tenez à venir couvert si vous vous décidez à franchir la porte qui sépare notre monde de celui de Cryptic Forest ! Les bourrasques glacées et autres courants d’air hivernaux seront vos seuls amis une fois là-bas. Comme dit en introduction, les allemands semblent avoir pris le temps nécessaire pour sortir leur premier effort et c’est tant mieux. Ayant avec succès installé pour de bon ses propres ambiances et atmosphères au sein de sa musique, Cryptic Forest ne peut que regarder devant lui et voir en grand pour ses futures œuvres. Un Black Mélodique de toute beauté, froid sans nul doute, triste et mélancolique certes, mais tout simplement sublime !
Thrall