SAOR - Aura
Saor, projet mené par Andy Marshall estampillé celtique atmosphérique black metal. Trop d’étiquettes à mon gout, je résumerais par metal contemplatif écossais. Donner un avis le plus objectif possible sur un album de cette trempe n’est pas une mince affaire. Avec Aura, s’en est encore plus difficile tellement chaque écoute me plonge dans un état d’émerveillement quasi mystique. Je vais cependant tenter de vous convaincre de vous plonger dans cette magnifique œuvre qui ne peut être réellement appréhendée qu’en l’écoutant !
Saor signifie « Liberté » en gaélique et c’est ce qui convient le mieux pour qualifier l’ambiance générale de l’album. Et pour plus de détail j’y ajouterais même le titre de l’album, « Aura de Liberté ». Oui, une fois immergé dans l’atmosphère créée par Andy, on se sent enveloppé par une sorte de brume d’espoir. C’est particulièrement le cas pour le troisième titre du set, « The Awakening » qui débute sur deux guitares acoustiques, dont l’une diffusant un son presque proche de la cithare, et un violon. Cette intro laisse place sans temps mort à un blast de batterie bien agressif ainsi qu’aux riffs de guitares rapides et percutant sur fond de violon lancinant. Puis vient le chant, hurlé, mais au loin en arrière-plan comme une longue plainte emplie de rage. Cette ambiance agressive qui tranche avec l’intro laissera à son tour sa place à une partie plus lyrique grâce à des chœurs masculins purs qui emplissent l’esprit d’un sentiment d’élévation infini. Ce schéma d’interlude lyrique sera retranscrit sur tous les titres du set, ce qui permet de tenir des morceaux, somme toute, assez longs sans pour autant être répétitif ce qui permet de transmettre des épopées musicales d’une rare efficacité.
Une autre composante essentielle de cet opus est la dualité des ambiances diffusées. Le meilleur exemple pour illustrer mes propos est le titre éponyme « Aura » deuxième piste du set. Tout au long de la musique, on retrouve une alternance de passages lumineux, diffusés par un blast rapide de batterie et un tin whistle haut perché, et de passages sombres, créés grâce à un rythme moins soutenu et à un chant guttural toujours lointain. Ce qui m’a particulièrement marqué c’est la dualité chant/whistle, la flute fait admirablement écho au chant de par leur total opposition. D’un côté le chant de la flute, pur, direct, affirmé et d’un autre le chant de l’homme, guttural, lointain, souffrant. Ça donne tout simplement un rendu général proche de la beauté !
Je vais finir sur la cadre de l’album. L’artiste, d’origine écossaise, traite logiquement de sa terre natale dans tout ce qu’elle représente de plus puissant, sa nature, son folklore etc… cependant le fait est qu’à aucun moment les paroles sont intelligibles. J’ai d’abord pensé que c’était dommage, un contexte bien défini est pour moi primordial dans la musique. Puis après plusieurs écoutes, je me suis rendu compte que pour une fois les paroles n’étaient pas nécessaires, car comme je l’ai dit dans l’introduction c’est avant tout de la musique contemplative. Les paroles quel qu’elles soient ne sont pas utiles pour le message qu’elles transmettent mais plutôt pour le ressenti que le fait de chanter provoque. A mon avis, qui reste le mien, le chant ici a perdu sa fonction première qui est de transmettre des idées au profit d’une fonction sensorielle plus mystique qui a pour but d’ajouter un élément à l’ambiance générale.
Finalement, c’est une expérience très intéressante que l’écoute d’ « Aura ». C’est un vortex musical qui plonge quiconque l’écoute dans un état second proche de la méditation, pour peu qu’on se laisse partir un minimum ! En tout cas je recommande cet album fortement, ne serait-ce que pour s’évader dans une contrée vaporeuse et lointaine ou y règne l’harmonie et la brutalité. Enjoy !
Petit plus : Pour l’avoir testé, effet garantit lors d’une écoute en voiture sous l’orage et le tonnerre !
Grymauch