Sólstafir – Ótta
La glace et le feu viennent à nouveau mêlés leurs essences dans l’unique but, par l’intermédiaire de votre organe auditif, de vous transporter loin dans leurs terres sauvages, brutes et pures. Leur outil, il est simple, il est unique, c’est Sólstafir. Vous l’aurez compris le quatuor Islandais a remis le couvert avec leur cinquième album, Ótta, et c’est beau. Et qui aurait cru possible de réaliser quelque chose du même niveau, si ce n’est plus, que Svartir Sandar ? Et bien pas moi ! Je ne peux que constater à quel point j’aime me tromper. Ce dernier album en date est la confirmation que Solstafir maitrise totalement un style qui leur est propre. Un style qui permet d’évoquer aussi bien la puissance d’un torrent de lave en fusion que la sérénité d’un flot de rivière à peine gelée.
Le quatuor propose de nous plonger dans un concept des plus intéressants de par sa complexité, le temps. Mais attention pas le temps tel que nous le connaissons, celui ou chaque seconde signe un moment à jamais passé, mais le temps tel qu’un ancien système islandais l’a établi. Celui ou une journée de 24h est divisée en 8 périodes de 3h, ainsi qu’il n’y a pas de moment définit à la seconde près mais plutôt des plages horaires dans lesquelles la vie est à la fois passé, présent et futur.
Malgré les difficultés de ce système temporel pour être à l’heure au travail, il est essentiel d’y être familier pour appréhender cet album dans sa totalité. En effet il se trouve que le set contient 8 titres, qui vous l’aurez devinez, correspondent à chacun des moments d’une journée. Et c’est la toute la force de l’album, chaque morceau est parfaitement adapté à l’horaire attribuée. Tout ceci est très technique, mais dans les faits, le résultat est qu’on y retourne encore et encore s’étonnant à chaque fois de découvrir la beauté de tel ou tel titre mis en valeur par tel ou tel moment de la journée. C’est artistiquement parfait.
Coté musical, là aussi tout est bien orchestré et la production est à l’image des précédents albums, de qualité. Si chaque titre revêt une ambiance propre à son « horaire », c’est bien sur grâce aux instruments utilisés. Ainsi débute le voyage avec « Lagnaetti » (00H00 – 03h00) dont la longue intro nous gratifie d’un duo piano/violon accompagné de la douce voix d’Aðalbjörn Tryggvason pour ensuite s’affirmer par des guitares à la saturation lancinante soulevées par un chant cette fois ci plus torturé. Sólstafir nous promet donc un album parfois torturé parfois plein de vie, parfois mélancolique parfois épanoui, mais surtout à tout moment un album sincère.
Je pourrais m’amuser à décrire avec des mots pourquoi chaque titre allié à tel rythme ou tel instrument représente avec autant de réalisme tel ou tel émotions mais ce serait, à mon avis, une mauvaise façon de présenter l’album. Ce dernier mérite d’être écouté, appréhendé, et vécu avec ses propres repères de manière à suscité un ressenti personnel qui imposera à votre esprit la finesse de l’œuvre.
En somme il suffit de le laisser pénétrer vos oreilles, et de rendre grâce au quatuor de feu et de glace pour cet album qui marque une nouvelle fois un succès amplement mérité !
Grymauch